Album photo n° 33
Laissant le Texas et ses immensités agricoles, nous pénétrons en Louisiane dont les paysages, les bocages, les prairies, les petites routes et les cultures nous rappellent un peu la France.
L'architecte ici indique la présence européenne espagnole et française en particulier.
Pour nous familiariser avec la faune locale nous visitons un jardin zoologique infesté d'alligators, de tortues, de ratons laveurs, de serpents, etc....
A Natchitoches (prononcer Nékitoch), en nous promenant le long de la Cane River nous faisons la connaissance d'un sympathique couple allemand Gundy et Peter.
Nous visitons le fort St Jean Baptiste reconstitué en 1979 d'après les plans originaux de 1733. Ce fort abritait les pionniers français.
Plus au sud, Opelousas petit bourg paisible est réputé pour être la ville natale de Rod Milburn vainqueur du 110 mètres haies aux JO de Munich en 1972 devant Guy Drut. La médaille d'or du champion américain trône dans un petit musée racontant l'histoire de la ville. L'hôtesse nous accueille chaleureusement en français créole.
La ville s'enorgueillit également d'avoir hébergé Jim Bowie héros de la bataille de Fort Alamo.
Après une journée passée à parcourir la campagne verdoyante, nous faisons halte dans la ville de LAFAYETTE où le soir nous dînons chez RANDOL'S de plats d'écrevisses et dansons au son de la musique d'un orchestre cajun. L'ambiance est très amicale et spontanément les cajuns engagent la conversation et n'hésitent pas à blaguer en utilisant des expressions très cocasses.
Pour nous imprégner un peu plus de la culture et de l'histoire des cajuns, nous visitons le village de VERMILLON. Un très beau film raconte la déportation des acadiens canadiens français et leur installation 10 ans plus tard en Louisiane. Sur ce territoire hostile, ces français tissèrent presque naturellement des liens avec les indiens et les esclaves noirs, leur misère et leur persécution étant communes. Ce village réunit une vingtaine de maisons anciennes et les personnages pittoresques en costume sont heureux et fiers de répondre en français à nos questions.
Le soir nouveau dîner dansant chez Mulate's où les beignets d'alligator remplacent les écrevisses bouillies de la veille.
Ce restaurant invite régulièrement des musiciens célèbres parmi lesquels notre français "Francis Cabril".
Nous bivouaquons en pleine nature au bord du swamp (lac) ST MARTIN où nous installons Oscar à l'ombre des cyprès. Nous nous endormons au son des mugissements sourds et brefs des alligators, des coassements des grenouilles géantes et du chant des oiseaux. Quel concert !
Le lendemain, à bord du bateau à moteur de Norbert Leblanc nous visitons le swamp dans un dédale de cyprès séculaires barbus et de nénuphars.
Norbert est un cajun pittoresque qui connaît le swamp dans ses moindres recoins et grâce à lui nous découvrons une faune variée et nouvelle pour nous (alligators, tortues, échassiers, rats musqués, castors etc...)
C'est ici que les premiers acadiens se sont installés apprivoisant cette nature hostile pour en tirer au mieux les ressources. Ils vécurent d'abord de pêche et de chasse puis d'agriculture et d'élevage. Ils utilisaient le bois imputrescible des cyprès pour construire leurs maisons et leurs embarcations. La mousse pendant aux branches des arbres était ramassée et séchée pour la confection des cordages, des matelas et des murs des maisons. Cette mousse appelée mousse espagnole était mélangée à de la boue et des coquilles d'huîtres pilées ce qui constituait un solide mortier, "le bousillage".
Norbert raconte ses anecdotes de pêche dans le bayou et nous invite cordialement à prendre un petit remontant à l'ombre des cyprès, mais à 5 heures seulement selon la tradition cajun.
Quelques miles plus loin la petite ville de SAINT MARTINVILLE célèbre la mythique Evangeline. Sa tragédie romanesque écrite par Henry Longfellow en 1847 fut traduite en 30 langues et devînt l'emblème du combat des acadiens. Sa statue trône près de l'église et l'on peut se reposer à l'ombre du chêne qui selon la légende est le lieu des retrouvailles d'Evangeline et son fiancé Gabriel au bout de 3 ans de séparation.
Le centre d'interprétation des immigrés acadiens situé dans un parc boisé au bord du bayou relate "le grand dérangement" et à quelques pas une ferme traditionnelle acadienne du 18ème siècle a été reconstituée avec son four à pain, sa grange, de vraies vaches et un jardin potager.
Notre guide ravi de parler la langue de sa grand mère nous offre quelques légumes et nous indique un bivouac au bord du bayou Têche.
Nous sommes un peu étonnés de l'agitation qui règne à cet endroit et une fois installés, nous sommes cordialement invités à partager un repas d'écrevisses avec les gens du village.
Quelques anciens parlent encore notre langue et en sont fiers mais les générations suivantes ont subi la loi interdisant l'usage du français. Cette tradition orale aura sans doute disparu dans une vingtaine d'années.
L'hôtesse du visitor center de Breaux Bridge nous indique une baraque en bois près du bayou à Henderson où ça guinche tous les dimanches après-midi. C'est l'occasion de nous rapprocher des cajuns "pur jus". L'orchestre met une ambiance du tonnerre et jeunes et vieux dansent sur une musique cajun endiablée. Quelle soirée !!
Nous bivouaquons sur le parking du visitor center où nous sommes invités une fois de plus le lendemain à la dégustation des plats locaux (jambalaya, pudding, pralines, beignets de poissons chats)
Avant de rejoindre la ville de la Nouvelle Orleans nous faisons le tour des bayous au sud de THIBODAUX. La route qui longe les marais est bordée de maisons sur pilotis. En contrebas de ces maisons sont amarrés des crevettiers multicolores, la pêche à la crevette étant l'activité principale des bayous.
A THIBODAUX nous visitons les vestiges du Laurel State Village. Cette plantation de canne à sucre a été abandonnée lors de la mécanisation des cultures après avoir été prospère à la fin du 19ème siècle. Toutes les maisons construites sur un seul modèle sont aujourd'hui englouties sous la végétation. Elles devraient cependant être restaurées d'ici quelques années.
La ville de la Nouvelle Orleans porte encore les traces du passage de KATRINA. Sans oublier ce drame et pour ne pas faire du voyeurisme nous nous intéressons davantage à la musique et à la visite du quartier français épargné par les inondations.
Les rues sont très animées et bruyantes. De nombreux orchestres de jazz se produisent à l'intérieur des bars, des restaurants ou sur les trottoirs. Les odeurs des multiples cuisines locales emplissent l'air moite de la ville.
Le soir après avoir avalé une "mufuletta" (sandwich énorme de jambon et d'olives accompagné de frites) nous nous installons à un table du Palm Court Jazz Café pour écouter un orchestre de jazz de très bonne qualité tout en sirotant un coktail maison.
Le lendemain sur les conseils de touristes américains nous allons "bruncher" au 2 sisters. Le buffet y est géant et le cadre est sympathique. Max a bien aimé la soupe à la tortue.
Il fait une chaleur étouffante et nous retournons au RV Park pour nous tremper dans la piscine. Là nous faisons la connaissance de Violette et de Guy deux sympathiques québécois qui nous accompagnent le soir pour une mini croisière sur le Mississipi à bord d'un steamboat.
Nous quittons la Nvelle Orléans par le pont qui enjambe le lac de Pontchartrain, le plus long pont d' Amérique du nord avec ses 45 kilomètres.
Un voyage en Louisiane ne saurait être complet sans la visite des célèbres plantations de canne à sucre et de coton qui se sont développées tout au long du Mississipi. Les propriétaires fortunés de ces plantations se firent construire de somptueuses demeures, plus luxueuses les unes que les autres mais qui cachaient les pauvres cabanes de planches où logeaient les esclaves. De ces derniers il est malheureusement peu question dans les commentaires des guides.
A Baton rouge, capitale de l'état nous montons à bord de l'USS KIDD contre-torpilleur de la Navy qui a servi dans le pacifique lors de la 2ème guerre mondiale. La visite est très intéressante mais malheureusement gâchée par la pluie diluvienne d'un violent orage.
La Louisiane a été un vrai de coup de coeur pour nous tant par la beauté des paysages que par l'accueil de nos lointains cousins les cajuns.